mardi 9 septembre 2008

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL

(VII)


La croisière de 1925

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L’ALGÉRIE

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Causerie du 10 mai 1925 (cinquième tranche)


A L G E R

« Alger est la plus belle ville de l’Afrique et nous aurons tout le temps de la visiter. Arrivés en avant-midi, immédiatement après le dîner, nous quittons Alger et nous suivons la côte dans une belle limousine avec guide et chauffeur. Nous faisons, à travers la campagne africaine, une randonnée d’environ 125 milles, traversant de jolis villages, roulant rapidement sur une route magnifique bordée par les plus ravissantes villas.

Partout il y a des fleurs, des plantes rares. »


Alger, un coin du jardin Marengo. Carte non annotée rapportée par Corbeil.

Un jardin à Alger. Carte non annotée rapportée par Corbeil.

« Un panorama enchanteur nous laisse voir, tout près, la Méditerranée aux flots bleus, si ravissante sous les feux d’un soleil d’été.

Nous jouissons de ces paysages délicieux pendant environ 25 milles, puis nous nous dirigeons vers l’intérieur du pays. Nous voyons de beaux établissements agricoles. La culture est très variée. Il y a des champs plantés d’arbres fruitiers, des milliers d’arbres, chargés d’oranges et de citrons. Tout à côté, d’autres champs, où l’on fait la culture maraîchère, choux-fleurs, choux, patates, tous les genres de salades.

C’est l’Algérie qui fournit à l’Europe les primeurs qu’elle savoure. Puis, ce sont d’immenses champs de foin, d’avoine, de blé, où les grands propriétaires font d’abondantes et riches moissons. Les arabes, par bande, travaillent sur ces grandes propriétés et reçoivent un salaire moyen de 0,75 $ environ par jour. On se plaint beaucoup cette année de la sécheresse, car il n’y a pas eu de pluie depuis environ deux mois. »

Alger. La Méditerranée. Carte, non annotée, rapportée par Corbeil.


C H I F F A

« Enfin nous arrivons à Chiffa vers les quatre heures. Chiffa est un profond et étroit ravin creusé entre deux très hautes montagnes couvertes de plusieurs sortes d’arbres. C’est là que vit toute une colonie de singes importés, il y a plusieurs siècles, du fond de l’Afrique.

Tous les touristes vont voir ces curieux types; quand nous sommes arrivés, après quatre heures, les singes avaient regagné l’intérieur du ravin, mais le gardien les a appelés et ils sont revenus en grand nombre afin de recevoir une bonne pitance.

Nous pénétrons à l’intérieur du ravin jusqu’à une petite terrasse taillée dans la montagne et bordée par une balustrade en pierre de taille. Les singes, rassurés par notre attitude et sollicités par les douceurs que nous apportons, s’approchent avec prudence, puis deviennent plus familiers. »

Singes, au site de Chiffa. Ce sont des singes macaques berbères (Macaca sylvanus). L’espèce est en voie d’extinction à cause de la destruction de l’habitat et de la nourriture artificielle donnée par les touristes.

Source : photo ancienne, Internet.

« Il y a un gros singe, plus vieux que les autres, ce qui ne l’empêche pas d’être le plus laid, aussi pour cela, d’être le plus familier, vient s’asseoir sur la balustrade près de moi et me met la patte droite sur l’épaule pendant que sa patte gauche avec beaucoup d’adresse, m’arrache des mains un certain nombre de biscuits secs. C’est une expérience bien amusante.

Mais il se fait tard et, après une demi-heure de ce plaisir, nous remontons en auto pour Blida. »


(À suivre)




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dimanche 7 septembre 2008

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL

(VI)


La croisière de 1925

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GIBRALTAR ET LA MÉDITERRANÉE


Cachet du paquebot Providence, au verso d’une carte postale rapportée par Corbeil.

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Causerie du 10 mai 1925 (quatrième tranche)


20 janvier.

« De grand matin, les cymbales résonnent dans les couloirs et nous invitent à monter sur le pont pour saluer Gibraltar et assister au passage du détroit qui nous conduit de l’Atlantique à la Méditerranée. Il est six heures du matin. À l’horizon, une lueur de plus en plus brillante annonce le lever du soleil et, dans cette clarté si douce du matin, nous saluons, à l’entrée du détroit, la terre d’Afrique et Tanger la blanche, comme l’appellent les marins.

C’est qu’elle est bien belle, en effet, la petite ville avec ses maisons blanches abritées par les arbres toujours verts. Nous apercevons les tours de ses mosquées et les clochers de ses minarets qui lui donnent un caractère tout particulier d’élégance paisible et heureuse.

Puis, à notre gauche, sur la terre d’Espagne est la petite ville coquette et fameuse d’Algésiras, où la France fut malheureuse dans le règlement avec l’Angleterre des affaires d’Afrique.

Enfin, à l’entrée de la Méditerranée, nous nous arrêtons devant Gibraltar pour débarquer les malles américaines. Gibraltar, la citadelle fameuse qui faisait les Anglais maîtres de la Méditerranée. Ils ont dépensé des millions pour fortifier ce rocher et le rendre inextricable, et cependant la science a rendu inutile tous ces efforts; aujourd’hui un seul avion avec [ses] obus peut faire sauter toute cette masse de pierre. Les valeurs ont changé et Gibraltar n’est plus que le joli travail d’un temps qui n’est plus. Tout le long du détroit, nous voyons de jolis villages avec des maisons toutes blanches entourées de verdure. Autour du bateau, se jouant dans les vagues, une multitude de poissons prennent leurs ébats sous nos regards charmés. Puis nous voilà en plein mer pour Alger, la métropole de la grande colonie française d’Afrique. »


(À suivre)


Vue du port d’Alger, carte postale rapportée par Corbeil.

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