mardi 17 février 2009

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL
(XXV)
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TROISIÈME SÉJOUR EN FRANCE

(Quatrième partie)

MAI, JUIN, JUILLET 1930
V I C H Y

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[Envoi à Éliane Bergeron]

Vichy, 31 mai 1930*

Ma chère enfant,
Je reçois ta lettre du 15 mai. Je te remercie des bonnes nouvelles que tu me donnes. M. Marion m’avait écrit [sic] le départ de Mlle Doucet sans donner d’explications. – Je suis bien heureux de savoir sa sœur au presbytère. –
Comme tu vois, je suis enfin à Vichy, où ta lettre m’a rejoint. Je suis encore à faire des examens qu’il faut préparer par plusieurs jours de traitement. Je saurai la semaine prochaine ma situation exacte et le traitement que je devrai suivre.
– Tu peux être assurée que je ne serai pas long à prendre la route de La Tuque dès que mon docteur me rendra la liberté. – Ces traitements sont assez durs. Ils consistent pour le moment à aller à deux sources différentes, situées aux coins opposés d’un parc et à boire une petite quantité d’eau chaude à des heures réglées. –
Je vais aussi tous les matins, à 8 hrs prendre un bain dans une eau carbo-gazeuse à 36˚.** Mes jours sont donc bien employés. – Il y a actuellement à Vichy une foule de malades qui déambulent tout le jour d’une source à l’autre.

Pour te représenter la station thermale de Vichy, imagine un grand quadrilatère qui serait long du presbytère au collège des frères, et au bout du quadrilatère sont les sources dont voici les figures.
Tout autour sont des magasins et des hôtels. Je suis à l’hôtel [de l'] Amirauté [… illisible] parviendront. Théâtre. Je fais cette marche plusieurs fois par jour pour boire un peu d’eau chaude.

[Au centre de la carte, de gauche droite, dans le sens des aiguilles d’une montre]

Sources – Bains – Promenade couverte – Sources – Promenade couverte
Parc magnifique

Je suis heureux d’apprendre que ta santé n’est pas trop mauvaise. Tu as certainement besoin d’un grand repos.*** – Vas [sic] donc tel que convenu à la campagne. J’espère que tu n’as plus les soucis que tu m’annonces. Je ne sais pas lesquels, mais j’ai confiance que tu seras raisonnable et que tu prendras le repos à la campagne qui t’est si nécessaire. –
– J’ai souvent le cafard, la nostalgie de mon cher pays et surtout de ma chère paroisse. –
Je serai de retour dans la première semaine de juillet, et peut-être plus tôt.
– Écris-moi. Amitiés à tous.
Aff. Eugène C. ptre

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NOTES
* Corbeil ne se doutait pas que, cinq ans plus tard, jour pour jour, naîtrait celle qui lui rendrait hommage quelque 75 ans plus tard.
** En Celsius, bien sûr, ce que Corbeil a oublié de préciser. Éliane, habituée à l'échelle Fahrenheit, a dû être fort surprise… 36 degrés F., c’est à peine quatre degrés au-dessus du point de congélation dans ce système anglais ! 36˚ C, c'est 97˚ F.

*** Ma tante Éliane prenait un soin excessif de sa santé; elle s'est toujours dit malade, courait d'un médecin à l’autre, dépensait une fortune en petits pots de crème pour ne pas rider. Mais, comme c'était génétique, elle a ridé très jeune comme sa mère !

Carte postée de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire).

Mlle Éliane Bergeron
Boîte pos. 66 [?]
La Tuque
Co. Champlain
Pro. de Québec
Canada

13 juin 1930
Paray est à 2 heures d’auto de Vichy. J’y suis venu entre 2 traitements faire mon pèlerinage. – Le plus gros cierge a brûlé pour toi et ta famille.
E. C.

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