samedi 17 octobre 2009

1926 et 1935 : deux occasions de célébrer
Eugène Corbeil


Portrait de Corbeil, détail d’une fresque historique [1]

Le Bien public, 1er août 1935.

Il n’y a pas si longtemps, dans nos petites villes, et surtout dans les minuscules village, les personnes importantes étaient le curé, le médecin et le notaire. Plus instruits que la majorité des gens, ceux qu’on appelait les «notables» étaient portés aux nues, surtout les membres du clergé. On n’avait que des éloges à leur endroit.

Il était donc normal de trouver dans l’édition du premier août 1935 que le journal trifluvien Le Bien public de Trois-Rivières consacrait en grande partie au vingt-cinquième anniversaire de la ville de La Tuque, un portrait du curé de l’endroit, Eugène Corbeil.

Les hommages aux notables étaient souvent exagérés et fournis dans un style ampoulé, comme en témoigne ce texte du journaliste et écrivain Clément Marchand.

Le Bien Public, 1er août 1935.

Quel euphémisme que cette première phrase : « Immense dans sa chair, et puissant dans son esprit » ! Une façon élégante, pompeuse et emphatique, de présenter le curé et de qualifier son poids peu ordinaire !

La suite est justifiée, car Corbeil savait tirer les ficelles et amadouer les grands de l’époque, que ce soient les patrons de la Brown Corporation [2] à La Tuque, qu’il fréquentait assidument, ou les autorités civiles. Ne dit-on pas qu’il avait ses entrées au parlement de Québec? Il n’attendait pas en antichambre comme le commun des mortels. Lorsqu’il avait une faveur à demander, il ne s’embarrassait pas du protocole : il entrait tout simplement dans le bureau du premier ministre et obtenait presque toujours satisfaction…

Le début de la rue Beckler, la «rue des Anglais», et une partie du

Brown Community Club, en 1939.

Photo aimablement fournie par Gaston Gravel.

L’historique Community Club de La Tuque, dont l’avenir demeure, en 2009, incertain.

Carte postale des années 1940, production Audet.

Les propriétaires de l’usine n’allait pas passer sous silence les 25 ans de service de Corbeil au le sein de l’Église vaticane. Il a eu droit à une pleine page et à sa photo dans le Brown Bulletin de juillet 1926.

The Brown Bulletin, juillet 1926. Archives d’Hervé Tremblay.

Il côtoyait les « méchants protestants, mais défendait à ses paroissiens de les fréquenter. Le Community Club était pour lui un lieu de perdition. Ainsi, assister au fameux bal du jour de l’An qui se donnait dans ce temple des anglophones était une raison suffisante pour se voir refuser les derniers sacrements si jamais on aurait le malheur de les lui demander.

C’est pourtant c’est dans cet antre du démon que l’on a fêté le vingt-cinquième anniversaire de son ordination, en juin 1926.

Photo fournie par Réal Gravel et parue dans l’ouvrage de Françoise Bordeleau, Les 75 ans de la paroisse Saint-Zéphirin. Histoire de la paroisse Saint-Zéphirin, La Tuque, 1912-1987 (Shawinigan, Publicité Pâquet, 1987, 315 pages). À la table d'honneur : Simmons Brown, le gérant de l'usine, ainsi qu'Émile Hardy, Réal Gravel, F.-X. Lamontagne, Romulus Ducharme, Wenceslas Plante, accompagnés de leur épouse.


Voici quelques documents reliés à cette fête, conservés à la

Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice.

Proclamation du maire Wenceslas Plante : le 12 juin, un samedi, sera une FÊTE CIVIQUE.

Source : Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice.

Source : Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice.

On était fort loin, en cette année 1926, de la séparation de l’Église et de l’État.

Source : Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice.

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[1] Cette immense fresque est installée au complexe culturel Félix-Leclerc, boulevard Ducharme, à l’emplacement de l’ancienne école Saint-Zéphirin, à La Tuque. Elle est l’œuvre de deux artistes : Madeleine Houle Bouchard et Lucie Bérubé.

Merci à Patrick Vaillancourt, chef de pupitre à L’Écho de La Tuque et auteur des deux photos, de m'avoir généreusement autorisée à les utiliser ici. Elles avaient d’abord paru en juin 2009 sur le site de l’hebdomadaire.

[2]

Une des premières illustrations de La Tuque dans le Brown Bulletin a été la photo du presbytère de la rue Saint-Joseph, inséré dans le numéro de février 1923. Comme bien d’autres patronymes francophones cités dans la publication, celui du curé a été massacré par le rédacteur de la légende. La photo montre la statue du Sacré-Coeur et la salle paroissiale. Archives d’Hervé Tremblay.

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Un ajout à mes pages sur le scoutisme à La Tuque, cette photo prise lors d'un défilé et montrant des zouaves pontificaux et des scoutes montant la rue Saint-Joseph.


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