jeudi 22 janvier 2009

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL
(XXII)
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TROISIÈME SÉJOUR EN FRANCE
(Première partie)

MAI, JUIN, JUILLET 1930

Au début des années 1930, Eugène Corbeil commença à éprouver des ennuis de santé : il était affecté par des problèmes cardiaques et son foie fonctionnait mal. De plus, il souffrait de diabète. Son médecin de La Tuque, Maxime Comtois, de même que des spécialistes lui conseillèrent alors de se rendre à Vichy, en France, pour y suivre une cure. Évidemment, une bonne diète et un régime alimentaire plus raisonnable auraient sans doute eu le même effet. À ce moment-là, le poids de l’énorme curé avait dépassé les 300 livres … c’est-à-dire environ 140 kilos d’aujourd’hui!

Depuis des siècles, les eaux thermales de Vichy étaient reconnues pour leurs vertus curatives. En 1636, le premier établissement avait été édifié sous l’impulsion du roi Louis XIII. Madame de Sévigné participa à sa manière à la notoriété de ses eaux. Dans ses lettres, elle décrit en détail la manière de vivre de ce milieu, les allées et venues de personnes célèbres qui les fréquentent…

Curieusement, c’est aussi ce que fera Corbeil dans sa correspondance à l’endos de cartes postales qu’il enverra à Éliane Bergeron et que je reproduis dans le présent blogue.

Les eaux de Vichy sont utilisées dans le traitement du diabète du type 2. Elles soignent aussi les excès de cholestérol qui obstrue les artères et cause des maladies coronariennes. On comprend facilement que Corbeil, gourmand et gourmet, ait pu souffrir de ces maux.

Il m’est difficile de situer avec précision les étapes de ce troisième séjour de Corbeil en France. À l’exception de ces échanges épistolaires avec ma tante Éliane, je n’ai pu consulter d’autres documents. Une liste m’avait bien montré l’existence d'une boîte de correspondance, la quatrième du fonds Corbeil déposé à la Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice. On semble avoir égaré ou mal remisé ladite boîte, car je n’ai pu y avoir accès. J’espère qu’on pourra la retrouver bientôt. Je demeure persuadée que je pourrais puiser, dans cette correspondance, quantité de détails qui me permettrait de décrire à l’aise ce voyage, tout comme d’autres chercheurs y trouveraient également leur profit dans le cadre de leurs écrits sur la commémoration du centenaire de La Tuque,.

Pour le moment, pour situer ce troisième voyage, s’il me manque plusieurs cartes, d’autres ne sont pas datées. Enfin, Corbeil poste les premières depuis Angers, le 12 mai 1930. Puis, le 14, il est à Paris où il rencontre un médecin, un certain Ramon, qui lui prescrit les traitements et la diète qu’il doit suivre à Vichy. Corbeil élaborera sur les soins qu’il recevra dans cette ville d’eaux.

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Trois cartes expédiées à Éliane Bergeron, 1930



Angers, 12 mai 1930

Ma chère enfant,

Je reviens d’un pèlerinage à Ste-Anne d’Aurey, patronne de la Bretagne et du Canada.
J’en ai profité pour voir un peu la Bretagne. –
C’est une réconfortante vision. J’en rapporte de bons et curieux souvenirs.
Celui-ci, tel qu’il t’apparaît au revers, pourra te suggérer des idées !
Je réalise aussi que je suis un mauvais voyageur, et que la nostalgie est décidément une ennuyeuse maladie moins dangereuse que le diabète mais combien plus embêtante !
Écris-moi longuement à
: « Légation Canadienne
No 1 – Rue François ler
Paris
France

Je ferai suivre les lettres dès que je quitterai Paris. À Paris,
on me fait parvenir mes lettres à mon hôtel.
Cire tes lettres et mets ton cachet.
Je serai à Paris, mercredi 14 mai et j’ai un nouvel appointement [sic] avec le Dr Ramon, qui a dû s’absenter 10 jours. J’écrirai pour donner des nouvelles. Je suis bien de ma santé, cependant je suis prudent. Je suis mon régime grâce à mon inquiétude. J’espère que tu as fait un bon voyage à Montréal et que tu te prépares à prendre un bon repos à St-Agapit.
Bien sincèrement.
Eug. Corbeil, ptre

[Au recto de la carte]
J’ai passé à cet endroit, mais je n’ai pas escaladé ce rocher.


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