samedi 25 octobre 2008

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL

(XIV)

La croisière de 1925

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Causerie du 10 mai 1925 (Douzième tranche)

LE MOYEN-ORIENT

B E Y R O U T H et la P A L E S T I N E

« Beyrouth est la capitale de la Syrie. C’est une belle ville située sur la Méditerranée et qui joue un grand rôle dans les pays orientaux. La Palestine traverse la Syrie, pays très étroit, séparé par une demi-lisière de montagnes très hautes, et parcouru par le Jourdain. Nous suivons la côte, et le terrain qu’il y a entre la montagne et la Méditerranée est plus ou moins large, quelques fois, il y a d’un à deux milles. Le chemin est très beau, les routes sont modernes et nous passons au milieu de jardins où l’on cultive les légumes et les primeurs de toutes sortes. »

Bêtes et automobiles sur le rivage de la Méditerranée.

Photo probablement prise par l’un des frères Pagé.

Archives d’Alice Lamothe-Lilley.

« Les champs sont plantés d’arbres fruitiers, les oranges y abondent. Sur les flancs de la montagne du Liban, nous voyons des bergers avec leurs troupeaux de chèvres, de moutons ou encore de vaches. Nous côtoyons ensuite Tyr, Sidon et Caïpha, villes de la Phénicie, remarquables par leurs richesses. Nous passons au pied du Carmel et entrons dans les plaines de la Galilée. »

Vue de Nazareth. Carte rapportée par Corbeil.

« Cinquante à soixante mille juifs sont établis sur ces terres de la Galilée. Nous traversons les plaines et arrêtons à Nazareth. Là, nous voyons l’église de l’Annonciation, qui nous rappelle la visite de l’ange Gabriel à Marie, puis l’endroit où se trouvait l’atelier de saint Joseph. La ville de Nazareth est sise sur une autre montagne. Nous visitons le beau lac de Tibériade; c’est spécialement le lieu où les touristes établissent leurs résidences d’été. Nous admirons le confortable des hôtels qu’il y a là. C’est là que N.-S. apaisa la tempête, qu’il marcha sur les eaux. C’est là encore qu’il fit la plus grande partie de ses prédications. Nous admirons de plus Capharnaüm, ville située près du lac de Génésareth, le bourg d’Emmaüs, l’endroit où Notre-Seigneur fit le sermon des béatitudes. »

Quelque part en Palestine. Photo probablement prise par l’un des frères Pagé.

Archives d’Alice Lamothe-Lilley.

« Nous nous rendons à Cana; les pasteurs font paître les troupeaux dans le flanc de la montagne. Cette montagne ressemble à la pierre ponce; elles absorbent l’eau et quand vient la sécheresse, elles rendent cette eau en humidité à la plante. La végétation est très abondante pour nourrir les troupeaux. »

(À suivre)

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vendredi 24 octobre 2008

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL

(XIII)

La croisière de 1925

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Causerie du 10 mai 1925 (onzième tranche)

LA TURQUIE

C O N S T A N T I N O P L E

« D’Athènes, nous nous dirigeons sur Constantinople. Nous y arrivons à la tombée du jour. Il pleut et le brouillard nous empêche de jouir du spectacle grandiose de la Corne d’Or. Cependant, il nous est facile d’imaginer la beauté du port et de la ville quand le soleil les enveloppe de sa lumière.

Constantinople fut pendant des siècles les champs de bataille où venaient se mesurer les puissances asiatiques contre les puissances occidentales. Puis, un jour, Constantin en fit la capitale de tout l’empire romain. Pendant 900 ans, elle fut pour ainsi dire le centre de l’histoire du monde. Tous les trésors de l’art et de la science affluèrent dans ses murs et ses empereurs, pour l’enrichir, dépouillèrent la Grèce, la Syrie, l’Égypte et leurs trésors. Puis, en 1452, elle fut conquise par Mahomet le conquérant, et demeura jusqu’à nos jours sous la domination turque, malgré les convoitises de la Russie ou des autres peuples slaves.

Tous ces souvenirs historiques me reviennent à la mémoire quand nous descendons sur les quais pour visiter la grande ville de l’Orient avec son million et demi de population. Malheureusement, la pluie froide continue à tomber et la visite de ces gigantesques beautés n’a plus le même attrait. Tout de même, malgré la pluie, nous goûtons beaucoup cette merveilleuse visite. »

Carte rapportée par Corbeil.

« Je ne puis décrire tout ce que j’ai vu. Bornons-nous donc aux principaux monuments. D’abord, la mosquée de Sainte-Sophie, le plus beau monument du monde entier peut-être, après Saint-Pierre de Rome. C’est aussi la plus grande église après Saint-Pierre. Les Turcs ont fait disparaître tout ce qui rappelait le culte catholique, mais les visiteurs au courant des usages chrétiens les devinent facilement.

La construction de Sainte-Sophie dura 16 ans et nécessita le travail de 10 000 ouvriers. Quand elle fut finie, dit l’histoire, l’empereur, en franchissant le seuil pour l’inauguration, s’écria : ‘ Gloire à Dieu, qui m’a jugé digne d’accomplir cette œuvre grandiose; je t’ai vaincu, Salomon.’

Quelques siècles plus tard, Mahomet, le conquérant, y pénétrait sur son cheval de guerre et s’écriait : ‘ Il n’y a de dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète. ’ Et depuis 475, Sainte-Sophie est une mosquée musulmane. Dieu n’a pas voulu de cette merveille et ne paraît en vouloir. Est-ce parce qu’elle est faite avec les richesses volées aux peuples faibles ? Mystère ! »

La date du cachet de la poste, appliqué à La Tuque le 17 février 1925, est sans doute celle de la réception de la carte.

« Les colonnes qui soutiennent sa voûte et son dôme sont en porphyre; celles de la porte d’entrée, en brèche verte; c’est là qu’est la pierre qui pleure. C’est une pierre humide et, quand on la touche, elle devient aussitôt humide. Un large trou est creusé dans la pierre à force d’y entrer le doigt ! Tous les murs sont en marbre et, à un endroit du mur, on y voit une main tendue. On prétend que Mahomet, en entrant dans l’église sur son cheval de guerre, y a appuyé sa main et que l’empreinte en est restée. Les figures des anges et des archanges que les chrétiens avaient sculptées dans la voûte sont recouvertes avec des feuilles de laurier en or.

Nous avons donc visité le beau monument en nous conformant aux lois musulmanes. Nous avons mis par-dessus nos chaussures de grandes chaussettes et nous avons fait, dans un silence relatif, le tour de la grande mosquée pendant que les pieux musulmans, prosternés sur les tapis qui couvrent le plancher, faisaient leurs prières et récitaient le Coran.

Il y a à Constantinople plusieurs autres mosquées de grande beauté et de grande valeur; par exemple, la mosquée de Soliman, dont tout l’intérieur est en vieille faïence bleue. Nous visitons aussi la Citerne Théodosia (Théodose) qui servait à alimenter les quartiers impériaux durant les sièges qu’ils durent subir. C’est un immense souterrain dont la voûte est soutenue par 336 colonnes. C’est très beau et très curieux à visiter.

Nous visitons beaucoup d’autres monuments et nous terminons par la visite du bazar. C’est une immense maison divisée en une infinité de larges corridors qui font comme des rues, et, tout le long de ces corridors, il y a des magasins (400), disent les prospecteurs. C’est un labyrinthe où l’on se perd facilement si on n’a pas de guide. Et, dans ces magasins, on trouve tout ce que l’on peut désirer acheter. La foule qui circule dans ces couloirs appartient à toutes les races de la terre. C’est un spectacle pittoresque et très curieux de regarder agir toutes ces personnes aux costumes voyants et bizarres.

Nous retournons au bateau, qui part pour Beyrouth. »

(À suivre)

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Transcription du texte de la carte postale postée d’outre-mer à Éliane Bergeron.

31 jan. 1925

Je ne puis trouver les paroles qu’il faudrait pour dire la splendeur de Constantinople. C’est le pays des fééries, de grandes architectures.

J’en rêverai tout le temps.

Amitiés à tous.

Eu. C. ptre

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dimanche 19 octobre 2008

dimanche 19 octobre 2008

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL

(XII)

La croisière de 1925

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Causerie du 10 mai 1925 (dixième tranche)

LA GRÈCE

A T H È N E S

« Enfin, après un voyage enchanteur à travers l’archipel des iles de la Grèce, nous arrivons à Athènes, la ville aux grands souvenirs, celle qui, si longtemps, fut la capitale de l’esprit, de la civilisation, de la gloire dans les siècles avant J.-C. »


« Nous montons à l’Acropole, qui n’a plus que des ruines à montrer. Mais ces vieilles pierres énormes parlent le langage le plus émouvant que l’on puisse entendre. Elles redisent une histoire glorieuse et font revivre une civilisation magnifique. »

Photo rapportée par Corbeil. Archives d'Alice Lamothe Lilley.

« Au pied de l’Acropole, c’est le Champ de Mars où se réunissait le peuple pour entendre les grands orateurs de l’aréopage et où saint Paul annonçait le dieu inconnu. Il n’est pas possible de parler convenablement d’Athènes en peu de temps, qu’il suffise de dire que, de toute cette gloire passée, il ne reste qu’un souvenir et que le peuple grec se débat pour arracher sa vie au milieu de toutes sortes de difficultés, obligé de recourir sans cesse à la protection des peuples plus jeunes et plus puissants. »

(À suivre)

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