jeudi 5 novembre 2009

Eugène Corbeil : 25 ans à
La Tuque,

«portique des Laurentides»

En janvier 1933, Lucien Desbiens, «rédacteur» au journal Le Devoir, fait paraître dans ce quotidien montréalais un survol du premier quart de siècle de la ville de La Tuque et rappelle les projets qu’Eugène Corbeil y a réalisés à titre de curé de la paroisse Saint-Zéphirin.

Son article est reproduit dans La Gazette du Nord, le 19 février 1933. Il fait la une de ce journal publié à Amos, en Abitibi. C’est sans doute Aldori Dupont, le correspondant latuquois du journal, imprimé à Lévis, qui a signalé cet article à la rédaction et suggéré sa publication.

Desbiens va reprendre plusieurs passages, souvent textuellement, de son article dans Au cœur de la Mauricie (La Tuque), petit livre qui sera publié, plus tard dans l’année, aux Éditions du «Bien Public», à Trois-Rivières, à la demande d’Albert Tessier, prêtre qui s’intéresse à l’histoire régionale.


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Je ne sais pas si Corbeil aura apprécié l’ironie de voir une annonce de «gros gin» écraser, à la page 4, la deuxième partie de sa célébration, lui qui tempêtait contre la consommation d’alcool alors même qu’il ne se gênait pas pour se rincer le dalot.

Page 4 de L’Écho du Nord, du 10 février 1933.

Ainsi, au temps des Fêtes, invité de mes grands-parents, Joseph-Honoré et Élodie Bergeron, Corbeil ne cachait pas sa satisfaction à la dégustation du cocktail que ceux-ci préparaient pour l’occasion.

Mon grand-père Bergeron donnant sa bénédiction paternelle. A droite, ma grand-mère.

Mes grands-parents écoutant une petite déclamation de ma fille Louise. La Tuque, 1965.

LE COCKTAIL AU GIN ET AU SIROP D’ÉRABLE

de Jos.-Honoré Bergeron

Mon grand-père préparait ce nectar plusieurs mois à l’avance, ce qui lui donnait plus de puissance ! Il nous disait toujours : «Attention ! ça paraît pas, mais ça frappe. »

Doux et sucré, mais le gin et le vermouth font effet en douce…

Mon grand-père somnolait-il sous l’influence de son petit boire ou faisait-il tout simplement une petite sieste ? Il avait dépassé les 90 ans. Au mur, le portrait de ma tante Éliane, qui fut la secrétaire de Corbeil. La Tuque, 1966.

La recette du cocktail

3 parties de gin ou dry gin

2 parties de sirop d’érable

1 partie de jus de citron

1 partie de vermouth français

Agitez dans un secoueur avec de la glace.

Selon la quantité désirée pour le jour de l’An, fête qui réunissait parfois plus de quarante descendants de quatre générations, dont une vingtaine d’adultes, il en préparait une bonne quantité dans plusieurs cruchons.

Mon oncle Émilien, farceur, agite un cruchon à la façon d’un encensoir. Pas très orthodoxe.

Élodie Bergeron, à 90 ans, en 1970.

Chez les Bergeron, on était épicuriens; on aimait les petits plaisirs de la vie malgré les sermons des autorités religieuses qui prônaient l'abstinence, mais qui pourtant ne dédaignaient pas un petit verre à l'occasion, à l'abri des regards des ouailles.

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Note

Le qualificatif «térésien» réfère au fait que Corbeil avait fait son cours classique au Séminaire de Sainte-Thérèse, devenu le Collège Lionel-Groulx.

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