mardi 16 septembre 2008

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL
(VIII)

La croisière de 1925
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L’ALGÉRIE
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Causerie du 10 mai 1925 (sixième tranche)

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B L I D A


« Blida est une très vieille ville arabe. Quand nous y arrivons, il est près de 5 heures; toute la population est sur la place publique, où une vingtaine de petites voitures portant tous les objets de commerce imaginables sont alignées. Il y a de tout dans ces petits magasins ambulants.
Des femmes et des enfants circulent lentement, examinant ces curieux étalages. »

Scène typique dans un village arabe; carte postale rapportée par Corbeil.

« Pendant ce temps, les hommes, silencieux et solennels, enveloppés dans leurs grands manteaux qui furent blancs, mais qui sont maintenant d’une couleur sans nom, la tête couverte d’un turban de même couleur, les hommes, dis-je, assis par terre ou sur des pliants, le long des murs des maisons, fument en buvant un café très noir et très fort. »

Des Arabes, en manteau et turban; carte postale rapportée par Corbeil.


« Nous faisons en auto, très lentement à cause de la foule, le tour de cette immense place publique. Des enfants, des femmes et des hommes nous suivent en demandant l’aumône. Quel peuple misérable et il semble impossible de l’arracher à sa misère parce qu’il l’aime.

Je me demande si la religion musulmane avec son fatalisme n’est pas la cause de cette déchéance ‘C’était écrit’. Ce fut pourtant, dans les siècles passés, un peuple brave, riche et glorieux. Aujourd.hui, ils sont comme des esclaves, et résignés; ils vivent du souvenir de leurs grands marabouts. Cependant la France est bonne pour eux, mais obligée d’être sévère dans la répression des révoltes, et assure ainsi à tous la paix et la sécurité. La crainte seule peut les empêcher de se battre entre eux et de se détruire.

C’est en 1830 que la France faisait la conquête de l’Algérie et, après 1870, sur les conseils de Bismarck, qui voulait faire l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, elle fondait son empire colonial. Elle ne l’a pas regretté car, pendant la grande guerre de 1914, l’Algérie fut son grenier et sa force, lui fournissant les vivres, les munitions et plus de 700 000 bons et courageux soldats.

Nous saluons, à Blida. la statue du maréchal Lamoricière, érigée sur l’emplacement même où il gagna la dernière grande bataille qui assurait à la France la possession tranquille et définitive de l’Algérie.

Puis nous retournons à Alger où nous arrivons à la nuit. »

(À suivre)

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NOTES

La statue de Lamoricière
D’après mes recherches, cette statue du général Louis Juchault de Lamoricière avait été érigée à Constantine, sur la route menant de Blida à Alger. Elle se trouve maintenant en France.

Trouvailles : archives familiales et papiers de notaire


Depuis que les membres de ma famille savent que je m’intéresse à l’histoire des Bergeron et à celle du curé Eugène Corbeil, tous et toutes coopèrent à l’enrichissement de cette saga familiale. Ainsi, une cousine, Claire Bergeron, m’avertissait récemment de la prochaine mise en vente de la maison de sa famille, à Charlesbourg, et me signalait qu’elle y avait trouvé des boîtes de photos et de vieux papiers qui pourraient m’intéresser.

Son père, Lionel, était le plus jeune enfant d’Élodie et d’Honoré Bergeron, mes grands-parents maternels. Il s’intéressait, lui aussi, au patrimoine et aux souvenirs de famille et avait précieusement conservé ces archives. C’est avec émotion que nous avons trouvé des photos de nos arrière-grands-parents, des certificats de naissance, des testaments, dont un datait de 1904 et d’autres papiers.

Les plus importants de ces objets, pour mon carnet, ce sont 13 documents notariés de toutes les transactions reliées à la vente de la maison que mon grand-père a achetée, au 507 de la rue Saint-Eugène, à La Tuque, et dont j’ai déjà parlé ici. Le premier contrat est du 24 avril 1910 et le dernier, du 2 mars 1922. Huit ont été rédigés par le notaire Gustave Duguay, celui qui avait accompagné Eugène Corbeil lors de son premier voyage en France, en 1914.

Les deux ventes de la propriété de la rue Saint-Eugène.


Le « lopin de terre » et la maison avaient appartenu à une dame Alphonsine Lessard, veuve de Frank Sylvain, un journalier, qui l’avait vendue ensuite à Hildebert Cantin, un « buandier » devenu « commis », au moment où Joseph-Honoré Bergeron, « machiniste » de son métier, l’acquiert. L’acte montre qu’Eugène Corbeil avait prêté à mon grand-père, une partie de la somme nécessaire à l’achat de la propriété.


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Ce Duguay semblait jouir d’une certaine notoriété (sans jeu de mots) parmi les notables latuquois de l’époque. En effet, dans l’une des pages de faits divers sur La Tuque de la livraison d’août 1921 (p.13) du mensuel The Brown Bulletin, le « reporter », William L. Gillman, signale que c’est le notaire qui a prononcé, le 10 juillet, un petit discours à l’occasion de la remise d’une médaille à Amédée Paquin pour services rendus, en mai, lors d’un gros feu de forêt à Windigo, sur les concessions de la Brown Corporation.

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