CONCLUSION
Me voici rendue à la dernière page de ce blogue consacré à quelques aspects de la vie d’Eugène Corbeil. J’ose espérer que mon modeste travail aura su contribuer de quelque façon à ajouter à la connaissance de l’histoire de la ville de La Tuque à l’occasion de la célébration prochaine de son centenaire.
En guise de conclusion, je proposerais quelques données, bien incomplètes, sur la famille du curé, accumulées au cours de mes recherches. Elles pourraient s’avérer utiles.
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Les parents Routhier-Corbeil
Eugène Corbeil posant devant le presbytère et la première église de la paroisse
qu’il a fondée en 1908, Saint-Zéphirin de La Tuque.
Photo fournie par Lucien Pilote et parue dans l’essai de Françoise Bordeleau,
Les 75 ans de la paroissse Saint-Zéphirin. La Tuque. 1912-1987 (Shawinigan, Publicité Pâquet).
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La mère : Ovide ou Ovida Routhier (1830-1902) ?
Dans la tradition québécoise, le premier de ces prénoms est masculin, tandis que le second est à peu près inexistant. Même en France, selon certaines sources, on ne l’aurait recensé qu’à cinq reprises depuis 1900.
Naissance d’Eugène Corbeil. Registre du comté de Russell, Ontario, 17 janvier 1877.
Reproduction aimablement fournie par Gail Aubé, Latuquoise d’origine.
Dans cette entrée, il demeure bien difficile de dire si la voyelle finale du patronyme de la mère est un« A » ou un «E».
De plus, l’orthographe du patronyme paternel y est fautive : «CORBIEL» !
Pierre tombale des CORBEIL – SIMON, cimetière Notre-Dame,
boulevard Fournier, Gatineau (secteur Hull).
Pour compliquer davantage la précision du prénom de la mère d'Eugène Corbeil, on a gravé «OLIVE» sur le monument funéraire de ses parents !
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Le père, Édouard Corbeil : un instituteur itinérant
Élie-Joseph Auclair, docteur en théologie et en droit canonique, membre de la Société Royale du Canada, auteur d’une vingtaine d’essais et de biographies, avait déjà écrit sur le beau-frère de Corbeil, Adolphe-Basile Routhier.
Édouard Corbeil (1827-1900) fut maître d’école dans six localités différentes.
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Des Corbeil à Hull
Une page intéressante (malgré certaines erreurs) sur la maison Farley, 145, rue Champlain, dans l’Île de Hull (devenue Gatineau), habité par Élisa Corbeil et son époux, Stanislas B. Simon, qui y donna des cours :
http://www.civilization.ca/cmc/exhibitions/hist/hull/rw_83_if.shtml .
Une de leurs trois filles, Thérèse, est décédée à La Tuque, en 1915.
La maison accueillera Édouard Corbeil et son épouse pendant un certain temps.
À Hull, Édouard Corbeil fut l’ami d’Eraste d'Odet d'Orsonnens, un notaire aux intérêts diversifiés, auteur de petits romans et de nouvelles. Les deux hommes auraient travaillé à la solution de problèmes de dynamite !
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CORBEIL, Sylvio (1860-1949)
Source : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1,
Des origines à 1900 (Montréal, Fides, 1978).
Des trois ecclésiastiques de la famille Routhier - Corbeil, c’est celui qui a eu, je dirais, le plus d’envergure, celui dont l’influence a été la plus marquée sur son époque. Il aura été un animateur important de la société canadienne-française dans la région outaouaise en particulier. N’a-t-il pas été d’une grande influence sur l’historien national Lionel Groulx dont il fut le directeur de conscience ? Plus tard, Groulx dira de lui qu’il n’était guère doué pour l’enseignement de la littérature…
C’est donc lui, Sylvio, l’intellectuel de la famille, celui qui a poussé ses études jusqu’au doctorat en théologie, spécialisation en droit canon, ce qui lui a permis d’occuper par la suite des postes de prestige : censeur pour le diocèse d’Ottawa, professeur au Collège de Sainte-Thérèse, qui deviendra le cégep Lionel-Groulx, premier principal de l’École normale de Hull, qui ouvrit ses portes le 9 septembre 1909 et dont il dirigera les destinées jusqu’à sa nomination au poste de directeur du Grand Séminaire d’Ottawa, en 1928, poste qu’il occupera jusqu’en 1942. À propos de ce dernier poste, une source mentionne qu’en 1939, il y était «directeur spirituel», ce qui pourrait signifier que ses responsabilités aient été moins axées sur l’administration de l’établissement, que l’encadrement des futurs prêtres, un rôle de conseiller moral auprès d’eux. Dans le premier tome du Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, sa notice biographique précise qu’il fut «supérieur du Grand Séminaire d’Ottawa» et qu’il se retira par après au Séminaire Sainte-Thérèse, où il meurt en 1949.
Le regretté historien Pierre Savard a dit de lui qu’il était « une de ces personnes qui [ont] facilit[é] les relations entre les Canadiens français des deux provinces [le Québec et l’Ontario].»
(Source : Pierre Savard, Relations avec le Québec.
http://www.francoidentitaire.ca/ontario/texte/T0183.htm)
Il a publié quelques ouvrages littéraires, dans le genre dramatique, à caractère historique, écrite pour des productions étudiantes.
Silvio Corbeil. Chomedey de Maisonneuve : drame chrétien en trois actes ; Samuel de Champlain : pages oratoires ; trois auréoles!, Montréal : Cadieux & Derome, 1899, 115 pages.
Accessible en ligne.
(tp://www.canadachannel.ca/champlain/fr/index.php/Portail_Samuel_de_Champlain_-_Bibliothèque_virtuelle) Section «Bibliographie».
L’édition comporte une dédicace, en latin de cuisine, de J. O. Routhier, l’oncle maternel de l’auteur, protonotaire apostolique et vicaire-général du diocèse d’Ottawa, ainsi qu’un résumé de la présentation qu’Adolphe-Basile Routhier, un autre oncle, a faite avant la première représentation de la pièce, au collège Saint-Thérèse, en 1899.
Corbeil y signe aussi un texte sur les fêtes qui ont accompagné le dévoilement d’une statue en l’honneur de Champlain. Il y inclut le long sermon qu’il prononcé à ce moment-là, ainsi qu’un court essai d’A. B. Routhier sur le fondateur de Québec.
http://www.archive.org/stream/cihm_00233#page/n3/mode/2upLa Nouvelle-France recouvrée (1932)
Il a aussi fait paraître «Dioclétien, empereur romain ou L’Impériale Espérance», dans les Annales térésiennes (1931-1932), et des essais pédagogiques, sanctionnés par le Comté catholique du Conseil de l’instruction publique du Québec.
La Normalienne en Belles-Lettres (Montréal, Beauchemin).
Ce manuel est une formation d'art littéraire, une initiation à la causerie littéraire et une direction dans le «labeur de la rédaction à la petite école».
La Normalienne en philosophie et aux sources de la philosophie traite de philosophie et de psychologie. Les propos de Corbeil s’adressent autant aux élèves qu’aux professeurs.
Pédagogie du jeune humaniste canadien (Montréal, Beauchemin, 1937).
Parmi d'autres textes épars, une lettre en guise de préface à la brique romanesque de son oncle, Adolphe-Basile Routhier, intitulée Paulina, roman des temps apostoliques (Québec : Imprimerie franciscaine missionnaire, 1918, xxiv, 382 p.).
Dans le cadre de ses fonctions de principal d'une école normale, il participe aux travaux de diverses commissions pédagogiques.
Il a prononcé des discours et des sermons à caractère historique en plusieurs circonstances.
Le 21 septembre 1898, à l’occasion du dévoilement de la statue de Samuel de Champlain, en l’église Saint-Jean-Baptiste, de Québec, il livre un sermon d’une quinzaine de pages, orienté sur le rôle de Champlain comme «père de la Nouvelle-France» et défenseur de la foi chrétienne. Son texte est reproduit dans son livre Maisonneuve. Toute la classe politique et religieuse du pays assiste à son homélie.
Il livre un discours au Congrès de la jeunesse, à Ottawa, en janvier 1910, reproduit dans la revue de Montréal, Le Semeur. Dans l’auditoire se trouvaient Wilfrid Laurier, le premier ministre, et Robert Borden, le chef de l’Opposition.
En septembre de la même année, il souligne l’importance des institutrices dans la société :
«Il est un fait social que nombre de personnes, même soucieuses des affaires nationales, n'ont pas observé. Ce fait, c'est la mission de la femme enseignante auprès des enfants du peuple. La place de l'institutrice à l'école populaire se fait de plus en plus large. La dernière statistique établit qu'en l'année scolaire 1908-09, sur 4,751 membres de l'enseignement non congréganiste, 4,528 sont des institutrices. Elle est donc considérable la part de la femme enseignante dans l'éducation nationale. L'école primaire est son royaume. Elle règne à l'école tout comme au foyer, et cela, remercions-en Dieu, au grand bénéfice de la jeune génération. Oui, rendons-en grâce à Dieu, car ce fait social est bien conforme au vœu de la Providence. La ruine a tombé sur l'homme par la femme, et par la femme lui vient la restauration, celle d'allumer la pensée dans l'esprit qui s'éveille et, sur les lèvres qui balbutient, le verbe précis et châtié. Oui, rendons-en grâce à Dieu, ce fait social est en parfaite conformité avec notre histoire. »
— M. l'abbé Sylvio Corbeil, principal de l'École Normale de Hull;
citation du Moniteur de Hawkesbury, 9 septembre 1910.
Au début des années 1920, il se rend occasionnellement à la mission de la Nativité-de-Marie (Labelle), le dimanche, pour y exercer son ministère.
Il est étonnant qu’il n’ait pas assisté aux funérailles d’Eugène, mort en 1939. Son poste de directeur du Grand Séminaire d’Ottawa l’avait-il empêché de se déplacer ? Se serait-il alors fait remplacer par le curé de la paroisse de la cathédrale Sainte-Anne d’Ottawa, J.-A. Mayrand, ou celui de la paroisse hulloise de Saint-Rédempteur, J.-A. Joanisse ?
Osias Corbeil (1867-1918)
Osias Corbeil était venu à La Tuque pour y mourir, le 9 mars 1918, aux côtés de son frère.
Malgré son statut de séculier, il avait été missionnaire dans l’Ouest et au Yukon dans plusieurs postes établis pour la plupart par les oblats.
En 1914, il passa l'été à Montréal, où il s'occupa de colonisation et retourna à Saint-Boniface en octobre pour y être vicaire à la cathédrale. Il redevient ensuite missionnaire.
Source : musee.societehisto.com/osias_corbeil_n372_t455.html .
Dans une lettre à Laurier, le directeur général de la Société générale de Colonisation et de Rapatriement de Montréal, T.-A. Brisson, décrivait Corbeil comme un «gros être lymphatique, toujours fatigué de ne rien faire et sans aucun talent comme agent recruteur » [ma traduction] et ajoutait que les curés faisaient bien de leur fermer la porte de leur presbytère à tous ces dépeupleurs. Il y suggérait de les envoyer exercer leur mission aux États-Unis.
CORBEIL, Eugène (1877-1939)
Eugène Corbeil n’était pas un être dénué de toutes contradictions, ne mettant pas toujours en pratique ses enseignements, qu’ils soient d’ordre moral ou politique.
En 1902, alors vicaire à Buckingham, près de Gatineau, il critique les premières années du classique qui y sont données avec le résultat qu’on les retire du programme.
À La Tuque, se rangeant du côté des patrons, les Brown, il s'opposera à la mise sur pied d'un syndicat.
En 1909, il prononce un discours à Québec pour dénoncer la désertion de la terre, qu’il qualifie de crime de «lèse-majesté», au moment même où lui-même s’affaire à développer une paroisse urbaine dont l’économie repose sur les activités d’une usine de pâtes à papier et où le mot même d’agriculture est rarement prononcé. Un de ses neveux, Osias, viendra toutefois s'installer sur une terre à la périphérie de La Tuque.
Un texte énigmatique : « On n’aime qu’une fois »
Dans le fonds d’archives Corbeil-Michy-Caron, naguère conservé par le Comité socio-culturel de La Tuque, j’ai trouvé, marqué du tampon «Centre d’archives – La Tuque», un petit récit de six feuillets dactylographiés sur une machine à écrire, sans accents et signé des initiales «E. P.».
D’aucuns pensent que cette relation d’un premier amour serait l’œuvre du premier curé de La Tuque et qu’elle serait autobiographique. Bien difficile de croire qu’elle puisse être la production d’un esprit adulte, à en juger par ses nombreuses erreurs – ponctuation déficiente, orthographe approximative, accords fautifs. Comment ne pas croire qu’il s’agit là d’un banal travail scolaire. C’est le pensum d’un collégien de Belles-Lettres ou de Rhétorique, cinquième et sixième années du cours classique.
Les faits (supposés) qui y sont racontés ne correspondent pas tellement à ce qu’ont pu être les premières années du futur prêtre. C'est Osias, son frère missionnaire dans l'Ouest, qui a fait l’expérience du «monde», comme on disait à l’époque, durant son année d’études en droit avant de se lancer dans une brève carrière de journaliste puis d’endosser la soutane.
Et, comme il est venu mourir à La Tuque, où il fut inhumé, on peut se demander si ce texte ne faisait tout simplement pas partie des papiers personnels conservés par Eugène et ne constituait finalement qu’une simple œuvrette de fiction, de facture quelque chancelante et au romantisme déjà dépassé pour l"époque.
De plus, ordonné prêtre à 24 ans, il y a lieu de croire qu’Eugène Corbeil sera passé directement du cours classique (huit années d’études) au grand séminaire (quatre). Où aurait-il trouvé le temps de faire des études de droit et de frayer dans le «monde» extra ecclésial ?
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Un motard dans la famille
En 1947, une petit-neveu du curé Corbeil, Wesley-Eugène Corbeil, de La Tuque, surnommé «Jack», un policier de la Sûreté du Québec, est nommé agent de la route et affecté à la patrouille des environs de sa ville et de la route 19, devenue la 155.
Source : «L'histoire de la sécurité publique en Mauricie depuis 1857»,
Musée virtuel du Canada, Internet.
Il était le fils d'Osias, neveu du curé. Outre Jack, il eut trois garçons, Norman (employé de Postes Canada, en Ontario), Roger (qui a travaillé à l'hôpital Saint-Joseph de La Tuque) et Jim, ainsi que trois filles, Édith, Athaïs et Sylviane. Son épouse était d'origine irlandaise.
Sur le site I COME FROM LA TUQUE, il pose sur une photo en compagnie d'un groupe d'enfants et de la célèbre vedette du Canadien de Montréal, Maurice Richard, alors de passage dans cette ville de la Moyenne-Mauricie.
Merci à Gaston Gravel de m'avoir renseignée sur cette famille latuquoise.
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Eugène Corbeil et des diplomées du couvent des Soeurs de l'Assomption.
Source : essai de Françoise Bordeleau. Photo fournie par Irène Roy.
Scoutes et louveteaux latuquois entourent Eugène Corbeil.
À sa droite, mon oncle Henri-Paul Bergeron.
Le buste en hommage à Corbeil, installé en 1957.
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P. S. J’ai déjà entrepris de colliger des éléments relatifs à ma famille et des souvenirs de mon passage à La Tuque. Je compte en faire la matière d’un nouveau blogue si mon mystérieux éditeur
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