lundi 22 décembre 2008

LES VOYAGES OUTRE-MER DU CURÉ CORBEIL
(XIX)
Le long périple de 1925


* * * * *
Causerie du 10 mai 1925 (Seizième tranche)
P A R I S
* *
Paris. Sept ponts sur la Seine.
Toutes les cartes reproduites dans cette page

proviennent de mes archives et ont été soit rapportées par
Corbeil soit expédiées par lui.

Les photos sont également de mes archives personnelles
* * * * *

« ‘ Paris n’est pas seulement une ville – disait quelqu’un – c’est tout un monde ’. Un autre disait : ‘Paris a quelque chose de spécial; toutes les villes ont des admirateurs, mais Paris a des amoureux’, et ces paroles sont vraies. Vous me direz peut-être : ‘Mais dites-nous ce qu’il y a dans Paris pour faire tant d’amoureux?’ Tout est là, tout ce que l’art, tout ce que le génie humain, tout ce que la noblesse des sentiments, tout ce que l’héroïsme a pu faire, on le trouve là. Il y a de tout à Paris, chacun y revient avec satisfaction. On trouve tout dans Paris : ceux qui y vont pour leur plaisir; ceux qui y vont pour y chercher des trésors de science et d’art les trouvent dans Paris; ceux qui y vont pour y chercher un peuple laborieux, un exemple de travail, le trouve[nt] dans Paris. Vous voulez maintenant y trouver un exemple de piété : montez à Montmartre et, là, vous verrez prier. »

Paris. Le Sacré-Cœur.

« Ceux qui y vont en reviennent amoureux. En parlant de Rome, un pape demandait aux voyageurs qui visitaient la ville : ‘Combien de temps avez-vous passé à Rome? ‘ Les uns répondaient : ‘15 jours.’ Alors, il leur était répondu : ‘Au revoir.’ Mais à Paris, ceux qui n’y ont passé qu’un jour peuvent néanmoins dire : ‘Au revoir.’

Paris est le siège du gouvernement et des grandes administrations de l’État. Nous y trouvons de grands musées d’art, de science et d’industrie; nous y avons là tout ce que le monde a pu réunir de beau sur la terre. Les monuments élevés dans cette ville ne cessent de redire les gloires passées. Tant de souvenirs s’y trouvent réunis. Mais, depuis des centaines d’années, le génie humain a écrit les plus belles pages de l’histoire du monde dans ce Paris. En voyant le Dôme des Invalides, notre pensée se porte vers Napoléon. On le revoit au commencement de son histoire alors que, pauvre, il débarquait à la gare de Lyon. Vingt ans après, il est acclamé, fêté; Paris est à genou devant lui. »

Paris. Les Invalides.

« J’ai été conquis par Paris, J’y ai fait de bons amis; de bonnes familles françaises m’ont reçu gracieusement. J’ai appris à connaître le Paris laborieux, des hommes dans le commerce, des héros de la guerre. Le Paris généreux avec ses idées nationalistes. J’ai pu applaudir Daudet, acclamé le cardinal Dubois. J’y ai également vu jouer le drame de la Passion et j’y ai entendu chanter les plus grands artistes du monde. »
(À suivre)

Paris. L’Avenue des Champs-Élysées

Paris. Le lac du Bois de Boulogne.

Paris. Parc des buttes Chaumont.



À Éliane Bergeron

Paris, 4 mars 1925

Ma chère Éliane,

Ta dernière missive était sans doute bien éloquente par l’image ! Mais un peu courte. J’ai la pensée écrite. Elle m’a fait plaisir tout de même et je te remercie tout en ayant l’envie de te gronder pour n’écrire pas plus longuement et plus souvent. – Mais c’est fait et quand tu recevras cette lettre, je serai à la veille de partir. – Comme ce sera charmant de retourner dans ma chère paroisse et de revoir toutes les chères âmes qui me font la vie si agréable.-
Je ne fais qu’arriver à Paris. – Je commence à lier des relations, j’espère me faire de bons amis. Demain j’irai entendre Daudet et les gros canons royalistes, et vendredi, j’assisterai à la grande démonstration catholique à la salle Wagram. Ce sera un bon commencement. J’entendrai l’Aiglon et les cloches de Corneville cette semaine. –
Comme tu vois, je ne perds pas mon temps. J’espère que je t’intéresserai quand je serai de retour.
Bien cordialement.

Eug. C. ptre

* * * * * *
ÉLIANE BERGERON, ma tante et ma marraine

Éliane Bergeron.

* *
J’ai eu la surprise de découvrir, dans le carnet que consacre Pierre Cantin à Sanmaur et aux Hauts-Mauriciens,
(http://sanmaur-mauricie-cantin.blogspot.com/),
la reproduction de cet entrefilet d'un carnet mondain consacré à Éliane,qu'il a trouvé dans l’édition du 29 avril 1926 de l’hebdomadaire, The St. Maurice Valley Chronicle, publié à l'époque àTrois-Rivières.

Éliane, jeune fille.

Je dois beaucoup à ma tante Éliane, l'ainée de la famille de Joseph-Honoré Bergeron et d'Élodie Paquet, qui, en plus d'être ma marraine, fut pour moi une deuxième mère. Son désir de maternité ayant été assombri par la perte d'un bébé et d'une fausse-couche causée par une grossesse ectopique, elle déversa sur moi son amour maternel.
C'est elle qui m'a enseigné toutes les matières scolaires de la première année et, à 6 ans, j'entrai sans difficulté en deuxième année.
Toutes les semaines, elle m'achetait un livre, québécois de préférence. Plus tard, j'héritai de sa bibliothèque, riche en classiques, biographies, livres d'art, récits de voyage. Aujourd'hui, ce sont ses arrières-petits-neveux et nièces qui les utilisent pour leurs études universitaires.
Généreuse, elle aida financièrement ses plus jeunes frères et sœurs à poursuivre des études.
Très jolie, elle fut, paraît-il, une jeune fille très populaire à La Tuque. On lui a connu plusieurs fiancés, mais ce n'est que dans la trentaine qu'elle trouva enfin celui qui réussit à la charmer : Jules Trottier.
Éliane est décédée à l'âge de 99 ans et 10 mois, le 17 octobre 2003.

Micheline et sa marraine, à l’occasion du 90e anniversaire de celle-ci.

Dans un recueil de textes sur la famille Bergeron, ma tante livrait quelques éléments de sa vie.

«Je ne connais guère ma paroisse natale. Mon père a pris pignon sur rue à Lyster et ensuite à La Tuque. Cette fois, ce fut pour plus d'un demi-siècle. J'ai donc quitté le 'pays de mes ancêtres' alors que j'avais tout juste l'âge de raison. Après mes premières années de scolarité, j'entre à l'École normale de Nicolet, dirigée par les religieuses de l'Assomption. À 16 ans, j'obtenais mon brevet académique d'enseignement.

De l'Université Laval de Québec, je reçois un diplôme supplémentaire en culture générale. Étant trop jeune pour enseigner, j'étudie une année supplémentaire au pensionnat de Nicolet, en attendant d'avoir 18 ans. En 1921, je me lance dans l'enseignement. C'est ce que je désirais! Pour débuter, on m'envoie dans une école de rang**, où j'ai la responsabilité d'élèves de 5 à 18 ans, de niveaux multiples. Puis, pendant 11 ans, j'enseigne au pensionnat de La Tuque***.

Le 4 janvier 1934, j'unis ma destinée à Edmond-Jules Trottier. Cérémonie religieuse en l'église St-Zéphirin de La Tuque, et je déménage à Montréal. Pour occuper mes loisirs, je m'inscris à l'Université de Montréal, où j'obtiens, en 1937, un parchemin en Sciences sociales. Je fais quelques années de bénévolat et, après le décès de mon époux, en 1951, je retourne à l'enseignement. Et j'y tiens le coup durant 21 ans, dans la ville de Montréal.

Pour moi, il n'y a pas de troisième âge; je remercie le Seigneur de me donner une bonne santé, malgré mes 84 ans. Durant mes années de retraite, je fais de grands voyages, dont six en Europe, non seulement dans le but de me promener, mais toujours avec l'idée de développer mes connaissances.

' Savoir accepter la vie quotidienne, c'est le vrai remède pour demeurer jeune! ' »

_ _ _

** Sans doute dans les environs de La Tuque : à La Bostonnais, à La Croche ou au Lac-à-Beauce.

*** Soeur Saint-Marc.
Mes tantes Éliane et Yvette Bergeron ont eu comme patronne cette sœur Saint-Marc, qui fut la directrice du couvent à La Tuque. Surnommée la « Grande Générale », elle semait la terreur chez les enseignantes et les élèves.


Éliane comptait Françoise Gaudet-Smet (1902-1986) parmi ses amies d’études. Cet exemplaire, fortement défraîchi, du premier ouvrage de cette dernièere, Derrière la scène (Drummondville, « La Parole », 1930), des chroniques, avait été donné à Éliane par son auteure, qui le lui avait autographié. L’illustration de la couverture est de Simone Routier (1901-1987). qui, l’année précédente, avait remporté le prix David pour son recueil de poèmes L’Immortel Adolescent (Éditions Le Soleil, 1928). Elle a aussi signé de nombreux textes du pseudonyme de Marie De Villers et celui de Tante Marie..
* *
* *

1 commentaire:

gilbert a dit…

mme gaudet et paul dupuis ca aurait du etre filme.